Aujourd’hui, été oblige, je suis forcé de vous raconter l’une des plus belles histoires d’Amuuur du Paimboeufland, bien que nous soyons peu coutumier du fait. Pour vous donner un exemple, l’amour au Paimboeufland c’est aussi important que la contribution de Céline Dion Tabernac de Mouche à Marde (au Paimboeufland on est obligé de l’appeler comme ça) au Heavy Metal.
Sylvano était un jeune homme végétarien, tout grand et tout maigre comme tous les végétariens. En plus de ça il ne buvait pas, ne fumait pas et refusait le superflu, bref un vrai parasite pour la société de consommation. Pour situer brièvement son histoire, Sylvano avait bénéficié d’un titre de séjour de 2h au Paimboeufland, au bout de ces deux heures, il n’était pas parti et comme il était dans l’illégalité, nous avons été obligés de l’accepter. Depuis lors, il errait parmi les lieux incultes du Paimboeufland. Il ne faisait rien de ces journées, quelques fois il hurlait à la pleine lune, toujours la même rengaine : Je voudrais pas crever avant d'avoir connu les chiens noirs du Mexique qui dorment sans rêver … Il parlait aussi de singe et d’araignée, le pauvre, ils nous faisait de la peine, mais comme c’est pas notre genre de consoler on le laissait hurler.
Après plusieurs années d’errance solitaire, il entra par hasard dans la boulangerie de Madeline Germaux née Fourniasse dont la grand-mère alcoolique avait périt au Canada lors des campagnes de désertion, campagnes visant à convaincre les canadiens de quitter leur pays de merde et de nous vendre le peu d’âme qui leur restait. Evidement ils ont tous refusait sous prétextes que les pèles à neige sont interdites au Paimboeufland !
C’est dans cette boucherie des héros alcooliques, que Sylvano tomba éperdument amoureux de… l’apprenti bouchère. Il ne vit pas les taches de sang qui inondaient son tablier, il ne vit pas les viscères qui dégoulinaient de ses poches, il ne vit pas que sa mère surveillait sa fille avec des jumelles depuis le trottoir d’en face. Il ne vit que l’aura pacifiste qui émanait de cette enveloppe charnelle ingrate et sanguinolente.
C’en était fait de Sylvano ! Il était tombé par terre car frappé par la mère, mais aussi amère que fut la mère il tomba aussi amoureux de la fille. Tous les jours il imaginait de fin scénarios pour essayer de croiser son regard. Un jour il s’attacha une poutre au pied et fit semblant de la transporter sur un chantier voisin de la boucherie. Hélas, le transport de poutre au pied étant strictement réglementé au Paimboeufland, il se fit arrêter car il n’avait pas les autorisations pour ce genre de transport. La justice, dure mais juste, requis à son encontre 18 ans de prison ferme sans remise de peine. En prison il vécu les pires moments jamais imaginés, notamment à la cantine où il fut obligé de manger du steak haché. Son compagnon de cellule aussi était dur à mâcher, tout le monde l’appelait Jo le rigolo, mais Sylvano lui, il ne rigolait pas souvent. Pendant ces 18 années, il n’eut de cesse de penser à l’apprentie bouchère, imaginant comment, à sa sortie, il lui déclarerait sa flamme.
Et le jour de la sortie arriva, Sylvano se précipita à la boucherie, et l’apprentie était toujours là dans son beau tablier rouge sang. Elle était toujours apprentis, son patron refusant de lui valider son CAP pour bénéficier d’une employée au rabais. Sylvano attendit qu’elle finisse sa journée de travail et quand elle sortit il lui dit à peu près ceci :
Mademoiselle, en prison je n’ai eu de cesse de penser à vous. Au printemps, je vous imaginais nue au milieu d’un champ de pissenlit. L’été, je vous imaginais nue au milieu d’un champ de coquelicot. A l’automne, je vous imaginais nue sur un parterre de feuilles rousses. Et l’hiver, je vous imaginais habillée pour ne pas que vous preniez froid.
Habituée aux psychopathes pour être sortie quelques temps avec un psychologue, l’apprentie bouchère ne fut pas du tout émue par cet hurluberlu. Elle lui répondit : Si tu veux baiser mon gars va falloir faire tourner les pesos. Oui elle avait aussi un vocabulaire poétique, mais dans un autre genre…
Sylvano fit semblant de ne pas entendre sa réplique et l’invita à voir un couché de soleil au pied de la falaise au pendu. Assis côte à côte sur un vieux pneu, ils regardaient silencieusement le ciel prendre des couleurs indescriptibles pour devenir rouge vif de bonheur.
- Regarde comme c’est beau, dit Sylvano, ça me rappelle les crêtes des coqs sauvages.
- Ok, jveux bien coucher avec toi gratis mais tu ne me parle pas d’animaux, j’en écorche assez toute la journée. Pi ce ciel tout rouge, ça me fait flipper on dirait que quelqu’un a vomi du sang partout dans les nuages. Allez vient, espèce de romantique, on rentre à la maison.
Ils vécurent alors un bonheur absolu durant deux mois, avant que Sylvano ne meure d’une crise cardiaque d’amuuuur. L’apprentis bouchère dépérissait de chagrin et fût achevée par un coup de sabot de cheval qui refusait de rentrer à l’abattoir. Certain dirent que ces yeux virèrent au rouge sang sous le coup de l’animal, d’autres y virent la couleur du couché de soleil d’amuuuur.
Paimboeuf, un romantique à écorcher vif.
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Comment exprimer mon ressentiment? Cette histoire est la mienne,elle n'aurait jamais du sortir du périmètre du Paimboeufland (périmètre délimité par un cordon ombilical)où elle a vu le jour,pour être livrée en patûre à l'avidité d'un public qui n'est pas préparé à tant d'amuuur... Et puis merde,il y a les droits d'auteur aussi,très réglementés au pays des paimboeufs:on n'entre pas comme ça dans l'intimité d'un abattoir clandestin...
RépondreSupprimerCa se paiera,on se retrouvera au détour d'une ruelle non-raccordée au réseau de récupération des eaux usées.
signé: l'apprentie bouchère mal-embouchée.